La 6ème édition du Carrefour-Sentinelle du 13 mars 2020 a donné la parole à de nombreuses femmes, lanceuses d’alerte ou victimes.

Féministe et chrétienne : Lucetta Scaraffia conjugue l’une et l’autre qualité ! Le même jour, les victimes d’abus sur majeurs (Michèle-France Pesneau) et sur mineurs (Véronique Garnier-Beauvier) se sont rencontrées, pour la première fois, afin de de créer une synergie contre la culture de l’abus. La place des femmes baptisées dans l’Eglise reste à davantage promouvoir.

Lucetta Scaraffia, journaliste italienne, n’est pas une inconnue en France. Elle avait noué, jusqu’à mars 2019, un partenariat avec le journal « La Vie hebdo », dans le cadre du quotidien du Vatican dont elle assurait le supplément féminin intitulé « Donne Chiesa Mondo » . Au même moment, pour protester contre une reprise en main, elle-même et son équipe du supplément féminin ont démissionné au quotidien du Vatican. Avec son livre, paru en 2016, intitulé « Du dernier rang, les femmes et l’Eglise », à partir de son expérience synodale, Lucetta Scaraffia a transformé l’essai. Elle a initié une réflexion sur la place des femmes dans l’Eglise.
Avec son nouveau livre intitulé « Féministe et chrétienne », paru chez Bayard le 4 mars 2020, elle y raconte, selon son résumé éditorial : « l’aventure de ce mensuel et élargit son propos en dénonçant la situation des femmes au Vatican, (les religieuses notamment dont certaines ont été abusées, sexuellement, spirituellement et moralement). Elle s’interroge sur les raisons de cette déviance du christianisme au sujet des moindres responsabilités confiées aux femmes, (puisque Jésus avait une grande considération pour les femmes choisies comme premiers témoins de la Résurrection). Enfin, Lucetta Scaraffia montre que la nécessaire réforme de l’Eglise passe par une plus grande place dévolue aux femmes.

Deux femmes ont aussi apporté leurs témoignages, lors de la 6ème édition de ce Carrefour-Sentinelle organisée autour du thème : « féminisme et christianisme ».
Michèle-France Pesneau avait déjà eu l’occasion d’intervenir dans le cadre du documentaire publié sur la chaîne Arte, le 5 mars 2019. Elle y détaillait son parcours de femme abusée psychologiquement et spirituellement puis agressée sexuellement, par surprise, par les deux frères Marie-Dominique et Thomas Philippe. Sous l’emprise de prédateurs, elle restera en situation de vulnérabilité durant 20 ans, entre 1972 et 1992. Elle fut l’une des rares victimes concernées à oser témoigner, à 70 ans passés, du clivage de la personnalité des deux frères dominicains. Toujours membre de la Communauté de l’Arche, son témoignage a permis aux responsables de l’Arche internationale de lancer une enquête interne. Elle a révélé des agressions sexuelles commises à l’encontre d’autres femmes mises en situation de vulnérabilité de la part de son fondateur laïc, Jean Vanier, allongeant encore la liste des prédateurs fondateurs de communautés. Le livre-témoignage de Michèle-France intitulé « l’emprise » paraîtra au mois d’avril, aux éditions Golias.

Enfin, Véronique Garnier-Beauvier, déléguée épiscopale à la protection des mineurs et des personnes vulnérables et elle-même violée par un prêtre, entre 13 et 15 ans, nous a livré une analyse pertinente du témoignage de Michèle-France Pesneau « La première personne à qui je devais pardonner, c’était moi-même enfant » a-t-elle écrit dans son livre, paru en 2017, aux éditions Artège. « Oui, la première fois, je comprenais bien que j’avais été surprise, mais les fois suivantes ? Pourquoi n’avais-je pas réussi plus vite à refuser ce qu’il se passait ? Mais voilà, comment aurais-je pu ? » Son point de vue d’experte a été précieux pour comprendre le phénomène d’emprise mentale lors de la séance de questions-réponses !

Nous vous donnons rendez-vous en 2021, pour la 7ème édition des journées Sentinelle !

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