L’association Sentinelle est née de l’intuition qu’il était plus urgent de créer des ponts que d’ériger des murs, pour résoudre la crise des abus sur majeurs dans l’Eglise catholique.

 Depuis 2014, l’association Sentinelle est au service des personnes concernées par la question des abus sur majeurs dans l’Eglise catholique. Elle a pris la suite de l’Association Vie Religieuse Et Familles, créée en 1998 et dont le compte bancaire a été clôturé en 2013. Mme Françoise Poujade, ancienne secrétaire de paroisse, confrontée dans son entourage proche à la question des abus sexuels sur majeurs, a été cofondatrice des deux associations. Une réflexion reste à mener par rapport à la notion d’abus spirituel. L’association Sentinelle s’est développée autour de cinq axes, pour apporter sa pierre à l’effort de réflexion commun.

L’association Sentinelle est au service des personnes concernées par la question des abus sur majeurs dans l’Eglise catholique. La réflexion autour de l’ abus spirituel se structure du fait d’une réflexion actuelle, provenant essentiellement de responsables religieux, autour de ce phénomène touchant de nombreux jeunes.

La notion d’ abus spirituel a, d’abord, été mise en valeur dans les assemblées de prières protestantes, où l’autorité du pasteur n’est pas contrebalancée par une autorité de contrôle d’ordre hiérarchique. Jacques Poujol et Pascal Zivi y ont consacré un ouvrage, dès 2006, afin de les identifier et d’en favoriser l’accompagnement. Jacques Poujol a continué à réfléchir sur le sujet, dans son livre, paru en 2015,« Abus spirituels, s’affranchir de l’emprise ». les abus dits spirituels ne concernent pas que le clergé ou les religieux. Au nom de leur ascendant spirituel ou moral, des laïcs comme des religieux, peuvent aussi détourner le service fourni par l’autre à son propre profit, comme lorsqu’ils choisissent de publier des extraits de témoignages d’abus, sans l’aval des personnes ou associations concernées.

Or, les abus spirituels ne sont que la partie émergée de l’iceberg. « J’ai pris conscience que nous étions face à un problème considérable » explique Dom Dysmas de Lassus, dans son livre, paru le 5 mars 2020 aux éditions du Cerf, intitulé « Risques et dérives de la vie religieuse ». Pour le prieur des Chartreux, l’abus spirituel survient « quand une personne exerçant un ascendant moral, au lieu de l’exercer dans le sens du service, va l’utiliser en exploitant l’autre pour son propre profit. (…) Les abus ne sont pas extérieurs à nous, ils sont en puissance à l’intérieur de chacun. » En réalité les abus spirituels, commis en milieu fermé, font intervenir en même temps, la plupart du temps, une dimension psychique de prise de contrôle sur la personne consciente ou inconsciente. Ce sont des abus psycho-spirituels . Or, la confusion entre les dimension psychique et spirituelle est à l’origine de nombreux abus. Rares sont les abus ne faisant intervenir qu’une dimension spirituelle dans la sphère catholique.

La définition générale des abus spirituels peut conduire à  masquer de véritables infractions pénales. Faute d’être distinguées du spirituel, ces infractions ne seront pas prises en compte et encore moins signalées en justice. Agressions sexuelles, viols ou tentatives de viol, mise en danger de la vie d’autrui, traitements inhumains et dégradants, non-assistance à personne en danger, non-empêchement d’un délit en train de se commettre  séquestration, harcèlement, pressions graves ou réitérées, automutilations, conduites à risques, troubles psychiatriques, abus de l’état de l’ignorance ou de faiblesse, exercice illégal de la pharmacie ou de la médecine, escroquerie financière,  etc : toutes ces situations d’abus répétés ont été d’autant plus graves qu’elles se sont exercées au nom du vœu d’obéissance, souvent dans un contexte de rupture familiale savamment orchestré par la communauté d’accueil. Tout le droit pénal spécial pourrait être passé en revue, tant les infractions commises par des religieux ou religieuses délinquants présumés ont été nombreuses et rarement sanctionnées, faute de moyens de preuve obtenues en interne, dans un contexte où le silence est la règle et où le groupe fait front au détriment des droits élémentaires d’une personne. 

En effet, beaucoup de jeunes catholiques ont subi, par le passé, des traumatismes dus ou non à des infractions, aux conséquences gravement préjudiciables et pas seulement en matière d’agressions sexuelles. Leur entourage familial, confronté à leur dégradation physique ou psychique, a souvent été considéré comme un élément perturbateur, incapable de comprendre la radicalité de la vie consacrée, au lieu d’être associé à la résolution de la crise systémique dont certains, il y a plusieurs décennies, avaient déjà perçu l’ampleur. Les catholiques ont porté aux nues des supérieurs aux personnalités clivées. Les conséquences survenues sur les personnes sont encore présentes. Dans ces conditions, la mesure des dommages et préjudices survenus en France, en matière d’abus sur majeurs au sens large, depuis le Concile Vatican II reste encore, aujourd’hui, à établir.

Rendue nécessaire par le contexte actuel, l’intuition de la création de l’association Sentinelle, en 2014, repose sur cinq axes :

1/ Ancrer son action associative dans un service d’intérêt général
Avec son siège social situé dans une Maison de la Vie Associative et Citoyenne parisienne (MVAC14), l’association Sentinelle, indépendante et laïque, accueille ceux qui le souhaitent, pratiquants ou non-pratiquants, en rupture ou en phase avec leur parcours de foi. L’association est ouverte aux bénévoles non directement impactés par une situation d’abus sur majeurs survenue dans leur entourage. L’association n’œuvre pas dans l’intérêt privé de ses seuls membres.

 2/ Pratiquer un dialogue respectueux vis-à-vis de l’Eglise catholique

L’association Sentinelle travaille à ancrer un esprit chrétien de service des autres et de dialogue avec l’Eglise catholique dans la sphère temporelle. Elle sensibilise à la question des abus sur majeurs les responsables religieux ou diocésains qui le souhaiteraient (voir communiqués de presse). Elle favorise la prise de parole, privée ou publique, de ceux qui le souhaiteraient. 

3/Agir en partenariat ou en lien avec d’autres associations
Sentinelle est correspondante de la FECRIS (Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme) et partenaire du réseau France Victimes. Elle entretient des liens étroits avec les différentes associations françaises cooptées par la FECRIS (UNADFI, CCMM, GEMPPI, CLPS, Secticide). Elle s’intéresse aux travaux et activités des associations ou individus spécialisés dans la question des abus sur majeurs. En cas de besoin spécifique, elle oriente vers des professionnels spécialisés.

 4/ Œuvrer en faveur d’une gouvernance moderne de l’information

Sentinelle est active sur les réseaux sociaux et met à disposition du public un site participatif, permettant le dialogue et l’échange. Elle a souhaité prendre le virage du numérique afin de pouvoir mettre ses informations en ligne, tout en veillant au respect de la présomption d’innocence et de l’absence de diffamation publique. La lettre d’information diffusée à ses membres s’appelle le  Fil d’Ariane Ceux qui ont connu le chemin avant les autres cherchent à baliser l’itinéraire pour les autres.

5/  Vous associer

L’association Sentinelle sera ce que vous en ferez ! Elle est à l’écoute de tous ceux qui ont besoin d’être conseillés et réconfortés dans leurs épreuves de vie liés aux abus sur majeurs dans l’Eglise catholique. Venez aussi la faire vivre avec vos témoignages, vos projets. Jeunes ou moins jeunes, prenez des responsabilités. Participez aux échanges en laissant vos commentaires, retweetez et faites connaître l’association autour de vous. Les journées Sentinelle annuelles sont des temps propices  aux échanges. Nous vous y donnons rendez-vous !