Quant aux sectes, aux intégrismes en tout genre, leur intolérance n’est plus à démontrer. A ce malheur persistant devrait donc remédier le dialogue. Mais comment le peut-il ? Il y a une solution. (…)
Il est possible que le dialogue soit à la fois une reconnaissance pleine de l’autre différent et que chacun y soit au plus fort de la voix qui est sienne. C’est en allant au plus radical de ma voix propre que ma parole peut être vive au sein de l’échange, témoigner, avec et parmi d’autres paroles, de la Vérité unique que nul n’aura la prétention de posséder. Il n’y a plus ni exclusion ni absorption, mais fécondation réciproque. (…)
Le dialogue, précisément parce qu’il reconnaît chacun en son lieu, fait éclater les clivages et les répartitions établies.

Maurice Bellet, Le meurtre de la parole ou l'épreuve du dialogue, Bayard, 2006