Ce dialogue, qui porte l’enjeu d’humanité, nous l’appellerons dialogue radical. Il y a deux façons de le nier : vomir ou dévorer! Vomir, c’est vouloir exterminer celui qui, par cela même qu’il est, paraît détruire l’humanité. Dévorer, c’est absorber, c’est faire de l’autre une variante, avec la conscience inentamable de la supériorité de celui qui sait et voit l’ensemble sur celui qui n’a qu’une vue partielle et partiale. (L’erreur, disait Spinoza, est une vérité partielle qui se prend pour une vérité totale.)

Maurice Bellet, Le meurtre de la parole ou l'épreuve du dialogue, Bayard, 2006