Risquer une parole de parents.

C’est ce qu’on fait Paco et Elisabeth pour venir en aide à leur fille majeure privée de sa propre parole dans une communauté religieuse traditionaliste.

Ces adhérents de l’association Sentinelle ont entrepris des démarches pour faire connaître la situation de leur fille majeure, engagée de manière définitive dans l’un des couvents de la fraternité intégriste Saint Pie X. En 2018, ils ont publié un article dans Ouest-France, à l’appui de leur action judiciaire pour mise en danger de la vie d’autrui, intentée peu avant la profession perpétuelle de leur fille. Le traitement médical que suivait leur fille pour soigner une maladie chronique n’était plus observé. Après avoir tout tenté pour restaurer un dialogue et remédier à cette situation inhumaine et dégradante, y compris une action en justice. En 2020, ils sont allés témoigner de cette histoire familiale sur le plateau de « Ca commence aujourd’hui », avec Faustine Bollaert sur France 2.

Confrontés à la radicalisation du comportement de leur fille (manque d’échange, absence de soins médicaux…), leur parole a rejoint celle de nombreux autres parents dans la même situation. Leur fille majeure est-elle entrée volontairement dans une communauté religieuse ou bien a t-elle été embrigadée dans un groupe religieux ? Quelle est la conduite à tenir, l’aide à apporter ? Un signe les a alertés.

En effet, leur fille a refusé d’assister aux funérailles de son grand-père célébrées dans une paroisse catholique. Ses convictions extrémistes lui ont fait considérer la messe comme une célébration dépourvue de validité depuis le Concile Vatican II. Etant déjà sous influence, elle n’a toléré aucune exception à ses nouvelles croyances au détriment de sa famille. Pourtant, elle n’était pas encore entrée au couvent !  Ses parents et son entourage ne la reconnaissaient plus. Avant l’entrée au monastère, elle s’est même fait retirer ses quatre dents de sagesse le même jour, en prévision. Elle s’était fait dire qu’elle ne verrait plus, ni dentiste, ni médecin. Juste avant ses vœux, les parents ont intenté une action en justice pour « non-assistance à personne en danger ».

La libération de la parole prend du temps. Les parents n’ont pas été invités à l’occasion des vœux temporaires, puis perpétuels de leur fille. Après les vœux définitifs, elle a été transférée dans un autre couvent dominicain « de la tradition ». Tous les contacts ont cessé. Une manière de leur faire payer leur plainte en justice ? Même les Chartreux disposent d’un temps de visite annuel prévu avec leurs familles. « Nous ne vivons pas hors du monde. Nous sommes informées par les intentions de prière et les bulletins de la fraternité Saint Pie X. » déclare la supérieure. Paco et Elisabeth avaient pourtant accepté la vocation de leur fille. Tout leur était préférable au fait d’être écartés de la vie de leur fille.

Refoulés derrière une double rangée de barreaux métalliques, ils continuent toujours de tenter de renouer des liens avec leur fille. Toute correspondance reste impossible pour le moment. Exposés à des mesures de rétorsion et de représailles, ses parents courageux donnent l’exemple qu’il faut continuer à croire aux valeurs de liberté et au véritable sens de la vie.